La verveine du Velay

Au 19^e siècle, le Velay développe une grande activité de spiritueux, dont la célèbre Verveine. En 1900, la ville du Puy compte 8 distilleries qui alimentent 240 auberges et 41 cafés et restaurants. L’une des plus importantes est celle de la famille Pagès.

Histoire d’une liqueur...
De nombreuses croyances sont attachées à la verveine, comme en témoignent ses appellations d’herbe sacrée, de sang, aux sorciers, de Vénus… Au Puy, cette plante est transformée en douce liqueur distillée. Plantée en juin et récoltée avant les gelées, la verveine odorante est séchée à l’abri de la lumière, puis effeuillée à la main. La formule du spiritueux est créée en 1859 par un herboriste, Joseph Rumillier-Charretier, qui met au point une composition où la verveine, combinée à 31 plantes et aromates, est mise à macérer dans des alambics remplis d’eau de vie. Le liquide est ensuite distillé, coupé de miel, de sucre et de cognac, brassé en fûts et mis à vieillir en chais de bois. Plusieurs distilleries se mettent alors à produire cet alcool. La plus célèbre est celle dirigée à partir de 1886 par Victor Pagès, dont la famille fait bâtir dans les faubourgs du Puy une fabrique et un immeuble avec boutique. Aujourd’hui, la marque « Verveine du Velay » a été rachetée par la société Renaud-Cointreau, qui la commercialise et conserve un fonds important d’objets liés à sa production et à sa promotion.

… et de l’un de ses distillateurs, Victor Pagès
L’immeuble Pagès cumule les fonctions industrielles, commerciales et résidentielles. Il a été construit en 1906 par Achille Proy, architecte de la Ville du Puy-en-Velay, à qui l’on doit de nombreux bâtiments publics, mais aussi des constructions privées à usage commercial, financier et industriel et d’imposantes villas à Vals-près-le-Puy ou à Espaly, liées à l’enrichissement des classes bourgeoises. L’immeuble Pagès est surtout remarquable par sa tourelle d’angle, véritable enseigne publicitaire : le dôme qui la coiffe est illuminé de l’intérieur à travers des vitraux de pâte de verre teintée, réalisés par le célèbre maître-verrier Charles Borie. Il est ceinturé par une galerie de circulation dont le garde-corps, formé des lettres « VERVEINE », était à l’origine éclairé par un réseau d’ampoules. Aujourd’hui, la production de la Verveine s’est déplacée à Saint-Germain-Laprade, à quelques kilomètres du Puy.