L’abbatiale Saint-Austremoine, Issoire

Classée depuis 1840, l’abbatiale d’Issoire est considérée comme l’une des églises majeures de l’architecture romane auvergnate. Elle se singularise par l’ampleur de ses proportions, la plénitude de son chevet et la richesse de son décor.

Les origines de l’abbayeLe site de l’abbaye semble avoir été occupé dès l’Antiquité. Près d’une première église, construite entre le 3e et le 6e siècle, auraient été ensevelies les reliques du 1er évêque de Clermont : saint Austremoine. Au 10e siècle, une communauté religieuse est établie à Issoire. L’abbaye connait ensuite une période de prospérité qui permet au 12e siècle de reconstruire les bâtiments conventuels et l’église abbatiale.

Un célèbre chevetL’église est bâtie en arkose, dont la variété des teintes s’observe sur le chevet. Celui-ci offre une composition pyramidale particulièrement harmonieuse et équilibrée. Sa décoration est très riche : bandes de mosaïques de pierres polychromes à motifs géométriques, profusion du programme sculpté caractéristique de l’art roman : colonnettes engagées, chapiteaux à feuillages, cordons de billettes, modillons à copeaux et, fait plus rare, médaillons du Zodiaque.

Un plan basilicalTrès vaste (65 m par 7 m), la nef est confortée de bas-côtés et de tribunes. La croisée du transept est couverte d’une haute coupole sur trompes. Le choeur comporte une abside à six colonnes supportant des arcs eux-mêmes surmontés d’une arcature sur laquelle repose la voûte en cul-de-four. Le déambulatoire dessert les cinq chapelles rayonnantes. Les chapiteaux du chœur sont consacrés au cycle de la Passion et de la Résurrection du Christ. Par un petit escalier, on accède à la vaste crypte, dont les dispositions préfigurent celles du choeur. Une châsse en émaux champlevés de Limoges du 13e siècle y est conservée.

De couleur paréeD’importants travaux sont menés de 1830 à 1880 : restauration des maçonneries et couvertures, construction d’un nouveau clocher... L’intérieur reçoit en 1859 un décor peint homogène qui couvre l’intégralité des surfaces, y compris les piliers et les chapiteaux, et souligne les lignes architecturales. Cet ensemble original est conçu par le peintre-fresquiste Anatole Dauvergne, proche de Viollet-le-Duc dont il partage l’intérêt pour l’art médiéval. Dans des tons très vifs, il s’inspire des couleurs et des motifs en usage à l’époque romane, certains repris d’édifices auvergnats.